jeudi 7 novembre 2013

Les revenants de Steenbourg

Photo François Davin
Le vendredi 22 novembre à 20h45, France 2 diffuse un nouvel épisode de la série des "Petits meurtres d'Agatha Christie" avec Samuel Labarthe (la voix française de George Clooney) et Blandine Bellavoir. Dans "Témoin muet", une énigme policière teintée de surnaturel,  un chien est le seul témoin de deux meurtres dans un château de famille hanté par des fantômes qui brûlent de révéler le nom de l'assassin. Le lieu romanesque qui a servi de décor au tournage est le château de Steene, près de Dunkerque. Une demeure mystérieuse que nous avions visitée en 2006 en compagnie d'une équipe de production pour un projet audiovisuel classé sans suite. A l'époque, Maison-Hantee.com avait publié un reportage que le propriétaire nous avait demandé, peu après, de supprimer pour ne pas nuire à une transaction immobilière. Aujourd'hui, le secret défense peut être levé puisque le château appartient toujours à notre hôte et que la presse régionale* s'est fait l'écho de ce tournage. Le scénario de "Témoin muet" n'ayant pas à rougir des légendes attribuées au domaine, nous décidons de rééditer ce reportage dans son intégralité. Dès le début de cette inoubliable aventure, nous étions convaincus que ce château serait le terrain de jeu idéal pour une intrigue d'Agatha Christie. C'est désormais chose faite.

Par Olivier Valentin, avec la complicité d’Erick Fearson

Quelque part dans le nord de la France, à Steene, près de Dunkerque, un château pointe ses tourelles vers un ciel gris et froid, comme un trait d’union entre les drames du passé et les mystères du présent. Vide et déserté la plupart du temps, les habitants du coin le redoutent. Discrets, les quelques anciens du village se souviennent encore des événements tragiques qui s’y sont déroulés. Même le propriétaire actuel reconnait que son esthétisme écossais et son ambiance inspirent quelques frissons à ses invités, notamment au crépuscule. Deux oies sauvages, à demeure dans le parc toute l’année, en gardent l’accès. L’équipe de Maison-Hantee.com s’est rendue sur place pour faire le point sur les légendes qui l’entourent, bravant même la fraicheur d’une nuit de pleine lune, pour enquêter, équipement à l’appui, sur une histoire de hantise : celle d’une fillette, disparue accidentellement dans les douves, au milieu du XIXème siècle, et dont le fantôme hante les environs pour vaincre l’oubli. Souvent, elle laisse ses empreintes dans la neige de l’hiver, à moins que l’on fleurisse sa tombe. D’autres phénomènes étranges ont été répertoriés au château, au point que nul artisan de la région n’accepte d’y travailler une fois la nuit tombée. Aujourd’hui à vendre, cette demeure est une énigme historique et surnaturelle. Ensorcelant !

Des pas dans la neige…

La première fois que j’ai entendu parler du château de Steenbourg, je feuilletais un livre sur la France mystérieuse. Et c’est la seule allusion au lieu que j’ai pu découvrir jusqu’à présent. Internet ne m’a aidé qu’à dénicher, par chance, les coordonnées du propriétaire actuel qui possède le château depuis 20 ans et cherche aujourd’hui des sources de financement pour le rénover… ou le vendre ! Aucune autre trace des légendes, ni de son passé mouvementé. Je contacte donc Marc Lambert pour lui parler de notre site web et de notre démarche éditoriale. Au prix de quelques efforts diplomatiques, il accepte de me confier, en vrac, toutes les rumeurs qui portent sur plusieurs siècles d’histoire. Une véritable avalanche de curiosités insolites !

Cadre supérieur dans une grande entreprise, proche d’une retraite bien méritée tant sa vie fut active, d’un tempérament aventurier mais réservé sur le surnaturel, Marc Lambert a acheté ce château en 1987, par amour d’une femme. A cette époque, un mystérieux incendie avait ravagé le premier étage et les combles. D’après lui, une escroquerie à l’assurance aurait suivi le départ agité des anciens propriétaires. Il engage alors de lourds travaux de réhabilitation. Et pourtant, étranger à cette région, il n’y habitera pratiquement jamais.
En 1993, il organise un tournoi de chevalerie et y invite gracieusement ses voisins. Gagnant leur confiance, ces derniers lui révèlent alors des histoires mystérieuses. Notamment la légende d’une dame blanche qui hante le château depuis la mort d’une petite fille vers 1850. D’après le secret d’un ancien jardinier, elle serait tombée dans les douves, en voulant escalader un arbre, et s’y serait noyée. Sa dépouille est enterrée au cimetière du bourg. Mais son fantôme revient au château car, après le décès de ses parents, plus personne ne s’est occupé de sa tombe. Un lendemain de Noël, dans la seconde moitié du XXème siècle, on aurait retrouvé des traces de pas dans la neige recouvrant le fossé gelé autour du château. Mais nul indice d’entrée, ni de sortie ! Le jardinier confie alors qu’il faut fleurir la tombe de cette petite fille pour apaiser son âme des tourmentes de l’oubli. Malgré le respect de ce contrat d’outre-tombe, les propriétaires sont harcelés par d’autres phénomènes de poltergeist : des placards s’ouvrent et se referment brutalement, sans la moindre explication ; dans la demeure convertie en restaurant vers 1968, ils découvrent des couteaux non pointus plantés dans la poutre en orme d’une cheminée, sans que personne n’avoue les y avoir jetés ; des revues sont retrouvées éparpillées dans une pièce, sans raison ; etc. Ereinté, le couple de dunkerquois revend alors le château.

On entend chanter dans le château !

Monsieur Lambert, quant à lui, a résisté à ces rumeurs. Et pourtant, il me confie un témoignage extraordinaire : on entend chanter dans le château ! Comme une voix féminine provenant de l’ancien salon de musique… « Il y a vingt ans, alors que des jeunes de l’association Vieilles Maison Françaises étaient venus me donner un coup de main pour rénover le château, nous étions tous dans la cuisine pour se raconter des histoires de fantômes lorsque soudain, nous avons entendu, par la porte entrouverte, une voix chanter. Je me suis dit qu’il s’agissait sans doute du vent qui jouait les courants d’air dans la cheminée. Mais les jeunes n’ont pas eu le même sang froid que moi. Ils ont refusé de dormir dans le château, lui préférant une nuit dans leurs voitures, et encore, en dehors du parc ! Depuis lors, j’ai plusieurs fois entendu cette voix fredonner. Mais je n’ai aucune explication… »

Samedi 11 février 2006. Nous prenons la route de Dunkerque. Monsieur Lambert nous attend après le déjeuner. Il nous a conviés à poursuivre notre discussion et notre enquête directement sur place, quitte à veiller tard pour « gouter l’atmosphère des lieux après minuit »…

Notre arrivée est digne d’un roman d’Agatha Christie ! Proche de la route qui mène au village, derrière une rangée d’arbustes dégarnis, apparaît l’énigmatique bâtisse ocre et gris, flanqué de quatre tourelles d’angle, au milieu de ses douves en eau, le faisant ressembler à un château écossais. A l’entrée du parc, le portail étant cadenassé (pour éloigner les curieux !), nous annonçons notre arrivée par un coup de téléphone. Un homme flegmatique, aux cheveux grisonnants, suscitant tout de suite la sympathie, ouvre ses portes à notre équipe de chasseurs de fantômes et nous souhaite la bienvenue. Dans l’allée menant à la grille, nous apercevons au sol, dans les feuilles d’automne, un linteau rouillé portant le nom du château et une date, 1574 !

Zylof de Steenbourg

En effet, c’est vers la fin du XVIème siècle, que cette demeure nobiliaire, d’origine féodale, a pris son allure actuelle, grâce aux travaux dirigés par le Seigneur de la Rape. Lorsque sa fille épousa Jean le Vaillant, le château devint la propriété de cette famille jusqu’en 1679. A cette date, la seigneurie et le château furent vendus à Messire Jacques de Zylof, seigneur d’Obigny, qui lui a donné une partie de son nom. Ce sont ses descendants qui ont habité au château jusqu’au début du XXème siècle.
La famille Zylof, qui a cédé le château en 1957, occupe ainsi une place privilégiée dans la mémoire collective. Au cimetière communal, un espace leur est réservé. Tout comme deux sièges nominatifs de l’église, sur lesquels personne ne s’assoit le dimanche, à la messe. Dans la crypte, qu’une légende relie au château par un souterrain disparu, d’autres tombes sont attribuées aux Zylof.

Avant la guerre, le roi de Belgique aurait séjourné au château.

Mais l’occupation la plus douloureuse fut sans doute celle de la Kommandantur, pendant la seconde guerre mondiale, qui fit implanter des bunkers dans le parc et une prison dans la cave. Dès lors, la mémoire du château fut associée aux pires atrocités de l’armée allemande.

Un week-end, Marc Lambert a surpris des touristes allemands, dans l’enceinte de sa propriété, en train de répertorier les « blockhaus » comme monuments historiques. Simple question de point de vue !

Entamant notre visite par l’extérieur, nous en devinons les formes, sous des monticules de terre. L’escalier en fer qui conduit dans le ventre du plus gros est envahi par la végétation. Monsieur Lambert nous met en garde contre les promenades aléatoires tant le sous-sol est devenu un vrai gruyère. On pourrait facilement tomber dans un trou. Près des douves, il nous raconte un accident qui a failli lui coûter la vie si sa fille n’était pas intervenue. Draguant les fonds, peu profonds en apparence, il a mis le pied dans un trou, rempli de vase. Alors qu’il commençait à s’enfoncer, comme dans des sables mouvants, sa fille l’a aidé à en sortir. Il y a laissé une chaussure, toujours au fond… Nous pensons à cette petite fille qui n’a pas eu la même chance, presque 150 ans plus tôt.

Un hôte mystérieux

Nous passons le pont, évitant de tourner le dos à des oies facétieuses, qui ont le bec baladeur. Dans la cour, Erick aperçoit un chat blanc, derrière une vitre de l’étage. Depuis combien de temps observe-t-il notre petit manège ? Erick est très vite intrigué par son comportement inhabituel : « À mon arrivée, encore dans mon véhicule, j’ai dirigé instinctivement mon regard vers l’une des nombreuses fenêtres du château. Derrière les vitres, un chat blanc immobile, hôte mystérieux de ce lieu, me fixait intensément de ses yeux vairons. Son regard perçant et profond semblait être un appel irrésistible vers l’étrange… une invitation impossible à décliner ! » D’après Marc Lambert, Bouny, - car tel est son nom ! -, s’est présenté un jour, aux portes du château, pendant un séjour. Il ignore d’où il vient mais ils se sont adoptés l’un l’autre sans réserve. Pendant tout le temps de notre visite, Bouny s’est révélé un compagnon fidèle et curieux, presqu’un guide. Parfois, on lui aurait prêté un rôle de gardien, tant son attitude inquisitrice le faisait précéder nos pas, ou fermer la marche derrière nous. Erick se souvient : « Sitôt entré dans le hall d’entrée, le chat attendait là, immobile, et me fixait toujours avec cette même intensité. D’un pas félin, il s’est approché de moi et s’est laissé caresser avant de poursuivre sa route vers le salon de musique. Marquant un temps d’arrêt, il s’est retourné vers moi avec ce même regard, avant d’entrer dans la pièce…Un appel à le suivre ? J’osais le croire. Après la visite de ce salon par notre petit groupe, Bouny a fermé la marche, tel le gardien de ce « temple ». Et, durant toute la visite, il a procédé de la même façon, hormis pour la dernière pièce, le grenier, où il est resté comme pour nous signifier que la visite touchait à sa fin. »

Le propriétaire nous rappelle alors la vieille tradition, heureusement disparue, du chat noir emmuré vivant dans les châteaux d’autrefois pour conjurer les mauvais sorts. Bouny serait-il apparu au château pour venger un ancêtre sacrifié ?

Certaines pièces du rez-de-chaussée ont gardé le charme des vieilles demeures, avec leurs cheminées sculptées. Il n’y a plus aucun mobilier, à l’exception des quelques salles occupées pour de courts séjours. Et, la chaudière n’étant pas encore opérationnelle, il règne un silence glacial. Le tour d’horizon de jour nous révèle une bâtisse qui souffre, même si les travaux entrepris par Monsieur Lambert ont permis de consolider le gros œuvre et de le protéger des intempéries et des effondrements. Les ravages du mystérieux incendie sont encore perceptibles sur certains murs des combles. Plusieurs pièces, aux fenêtres brisées, sont livrées aux caprices de la nature, en particulier des oiseaux. Nous sommes impressionnés par l’investissement du propriétaire qui, pendant vingt ans, n’a eu de cesse de réaliser ses ambitions. Aujourd’hui, il s’agit plus d’un fil à la patte dont il souhaite se séparer, au profit d’un projet de reconversion en hôtel de luxe pour une clientèle frontalière.

Nous prenons congé de notre hôte, lui donnant rendez-vous dans une auberge des environs, pour le dîner.

L’ivresse de la peur

23h30. De retour au château, Erick prépare ses instruments pour notre exploration nocturne. Parmi les équipements du chasseur de fantômes, on trouve un thermomètre à visée laser, permettant de mesurer la température avec une extrême précision, dans un périmètre bien délimité. Si un phénomène d’absorption de l’énergie environnante, provoquant par nature une légère déperdition de chaleur, croise le faisceau, la température doit brutalement chuter de quelques degrés Celsius, révélant ainsi une présence en mouvement. De même, le détecteur de champs électromagnétiques réagira à toute variation d’énergie, indépendamment des parasites électrostatiques (installations électriques, ondes radio,…).
Pour capter des manifestations invisibles à l’œil nu (apparitions, orbs,…), Erick utilise une caméra numérique en mode infrarouge. Elle permet de filmer en continu les déplacements d’un observateur et de visionner l’enregistrement audiovisuel à posteriori.
Enfin, une lampe torche et un appareil photo numérique restent les outils les plus simples pour se déplacer dans le noir et, éventuellement, capter un événement inattendu.
En outre, sobriété, modestie et intuition sont des atouts indispensables pour éviter hallucinations, débordements et scepticisme.
Erick nous met en garde contre « l’ivresse du chasseur de fantômes » qui peut nous surprendre aussi bien que l’ivresse des profondeurs ou de l’altitude pénalisent le plongeur ou l’alpiniste. Non par manque d’oxygène mais de discernement de la réalité !
Une trop forte frénésie, motivée par le caractère ludique et palpitant de notre enquête, pourrait avoir raison de notre objectivité. Il faut promettre au groupe de juger tout incident étrange avec bon sens, sans le majorer, ni le minorer. Les participants à une investigation de lieu hanté doivent donc rester raisonnables et curieux, sous peine d’accréditer les thèses de leurs détracteurs. Ce n’est donc pas un jeu de rôle mais bel et bien une aventure humaine, aux frontières entre l’expérience et l’événement. Et même si le mystère devait frapper l’un ou l’une d’entre nous, il ne faut pas céder la panique, ni le considérer comme dangereux.

Conscient de mes responsabilités, je me plonge dans l’obscurité du château, une lampe de poche dans une main, le détecteur de champs électromagnétiques dans l’autre. Je dois surveiller l’aiguille qui déploie sa course sur trois zones colorées : vert, jaune et rouge. Au moindre son de l’appareil, plusieurs explications sont possibles en fonction de la mesure effectuée par l’aiguille. Si celle-ci oscille dans la partie vert ou rouge, cela veut dire que l’appareil capte un champ électromagnétique attribué à une source identifiable. Au contraire, si elle se déplace dans la zone jaune, le champ détecté est d’origine inexplicable car sa mesure en Milligauss ne correspond à rien de connu… jusqu’à présent !

Le propriétaire, une amie et son fils, forment un autre groupe. Les autres intervenants se dispersent aux quatre coins de la demeure.

Erick poursuit un autre chemin. Mais il a du mal à trouver les conditions optimales pour expérimenter l’incroyable car l’euphorie gagne peu à peu les participants.

Très vite, je me retrouve isolé des autres membres de l’équipe. J’entends au loin l’écho des voix des autres enquêteurs qui se croisent, au détour des couloirs. Seul, j’éteins souvent ma lampe pour faire abstraction du champ visuel et exacerber les autres sens. Je réprime la sensation – normale ! – d’oppression qui me gagne dans le noir pour laisser le champ libre à toute forme d’expression de la hantise. Rien d’anormal ! Aucun incident étrange ! Le détecteur reste muet. De la cave au grenier, je renouvelle l’expérience plusieurs fois, sans résultat. Alors, sans manifester le moindre signe de déception (je ne cherche pas à capturer un mystère, coûte que coûte !), je rejoins Erick dans le cellier. L’ambiance est plus chargée. Sans doute parce qu’il s’agissait d’un ancien lieu de torture de l’occupation nazie… Je me refuse à laisser mon imagination prendre le dessus !

Le couloir de la mort

A l’exception des yeux du chat qui ont réfléchi le rayon de ma lampe à plusieurs reprises, rien n’a suscité chez moi un quelconque motif de peur. Erick a bien relevé quelques variations de température mais sans leur attribuer une cause vraiment surnaturelle.

En revanche, ses ressentis ont été plus forts à deux endroits : dans le grenier, à l’emplacement d’une tourelle remplie d’eau de pluie, et dans le cellier où un curieux phénomène a surpassé toute hypothèse de hantise. « Avant d’atteindre le fond du cellier, nous devions traverser un long couloir obscur. Étrange couloir, en vérité, envahi par des centaines de petites boules blanches cotonneuses accrochées aux murs et suspendues au plafond. Focalisé sur l’extrémité de ce couloir, je ne me souciais pas de ces insolites boulettes blanches, bien que les évitant avec précaution. Arrivé au bout, je me suis retrouvé à l’entrée d’une petite pièce circulaire, très bas de plafond, qui n’est que le prolongement souterrain d’une des tourelles. Au vu des crochets suspendus, cet endroit devait servir à conserver la viande et diverses denrées alimentaires. C’est précisément à cet instant qu’un sentiment de souffrance et une légère sensation d’oppression se manifestèrent à moi. Très brefs, mais néanmoins bien présents. J’appris plus tard que, dans ce petit réduit, l’armée allemande fit subir d’effroyables tortures à leurs prisonniers, durant la deuxième guerre mondiale. C’est du moins ce que l’on raconte dans la région. Avais-je ressenti la souffrance et la douleur de ces pauvres âmes emprisonnées encore en ce lieu ? Je ne me prononcerais pas. J’aurais aimé pénétrer dans ce « cachot » mais, à l’image du couloir, il était également « hanté » par ces mystérieux petits cocons suspendus. Lesquels cocons étaient enchevêtrés dans de gigantesques toiles d’araignées qui occupaient toute la surface de cette ténébreuse pièce. C’est à cet instant précis que je réalisai, non sans émotion, que ces cocons étaient des centaines d’araignées en sommeil attendant de meilleurs jours pour sortir de leur retraite ! La fonction infrarouge de mon caméscope me le confirma : je pouvais voir ces petites bêtes recroquevillées dans leur armure cotonneuse. Sans panique pour ne pas provoquer leur réveil, je m’extirpai de ce repaire… »

Il faut se rendre à l’évidence, tout en reconnaissant que cette conclusion est très fréquente, au profit des objecteurs : les phénomènes surnaturels du château ne se sont pas manifestés à nous, ce soir !

En bon chasseur de fantômes, Erick désamorce notre déception : « Faut-il en conclure que l’endroit n’est pas hanté ? Bien évidemment non ! Ce serait faire preuve d’une vision simpliste de la chose. Tout d’abord, il aurait fallu passer plus de temps sur place, revenir plusieurs fois et dans différentes conditions. Être témoin d’une manifestation surnaturelle s’appuie tellement sur une conjonction de nombreux paramètres, dont certains aléatoires, qu’il est difficile de ne pas rentrer bredouille d’une chasse aux fantômes. On ne peut pas faire mouche à chaque fois…. »

Seule la lune nous a offert un curieux spectacle, alors que nous nous apprêtions à quitter les lieux pour notre hôtel (il n’était pas possible de loger sur place, faute de lit et de chauffage). Entourée d’un gigantesque halo, elle annonçait du grain pour le lendemain. Maudissant le vieux dicton « lune cerclée, pluie assurée », nous avons fait la route du retour sous la neige…

C’est le château hanté ?

Quelque temps après notre séjour, je rappelle Marc Lambert pour le remercier de son hospitalité. Il me fait part de sa dernière surprise. Contactant une entreprise locale de dépannage pour la chaudière, encore défectueuse, il tombe sur un technicien avec lequel il prend rendez-vous. Lorsque le propriétaire lui donne l’adresse, le chauffagiste répond, après un court silence : « C’est le château hanté ? »


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